dimanche 4 novembre 2012

Un tournant dans les négociations ?


Dans le long processus des négociations entre israéliens et palestiniens, les surprises n'abondent généralement pas. Pourtant, c'est exactement ce qu'il s'est passé vendredi 2 novembre, avec l'interview du Président de l'Autorité Palestinienne, Mahmoud Abbas (extrait en anglais de l'interview dans la vidéo ci-dessous.).


Durant l'entretien avec le journaliste, Mahmoud Abbas a déclaré qu'il ne reconnaissait pas comme étant son droit de vivre dans sa ville natale de Tsfat qui se trouve en Israël, à l'intérieur des frontières qui furent tracées à la suite de la guerre de 1967.
Cette déclaration est d'une extrême importance car elle implique l'abandon de la revendication historique palestinienne du droit au retour des réfugiés palestiniens, suite aux guerres de 1948 (qui a aboutit à la déclaration d'indépendance de l'État d'Israël) et de 1967 (lorsque l'Égypte, la Syrie et la Jordanie avaient attaqué l'État juif). Dans le premier cas, environ 700 000 palestiniens avaient quitté les territoires qui allaient devenir l'État d'Israël ; dans le second cas, ce sont environ 300 000 palestiniens qui s'enfuirent. De nos jours – et en tenant compte de la croissance naturelle de cette population – ce sont près de cinq millions de palestiniens qui possèdent le statut de réfugiés (lire l'article de Wikipedia.)
De fait, la revendication du droit de retour des réfugiés au sein d'Israël est depuis plusieurs années une des revendications principales des palestiniens. Ceux-ci conditionnent leur retour aux négociations avec Israël par l'acceptation de cette revendication par l'État juif (les deux autres revendications principales sont : Jérusalem comme capitale du futur État de Palestine et l'arrêt de la construction israélienne d'habitations dans les territoires occupés.)
Cette position du Président de l'Autorité Palestinienne a immédiatement été dénoncée par le Hamas. Izzat Rishek – membre de la direction du Hamas – a déclaré qu'elle « ne représentait pas l'opinion du peuple palestinien. » Non seulement c'est le droit au retour des réfugiés que maintient le Hamas, mais également «  la plus petite parcelle de la terre de Palestine » qu'il revendique. Ainsi, le Hamas ne reconnaît toujours pas le droit d'exister à l'État d'Israël.
D'autre part, le premier ministre auto-proclamé de la bande de Gaza – Ismail Haniyeh – a déclaré que la position de Mahmous Abbas était « extrêmement dangereuse » est qu'aucune personne avait le droit d'abandonner la revendication sur l'ensemble de la terre palestinienne.
Enfin, durant l'interview, Hamoud Abbas a réitéré son opposition au terrorisme et à la violence des armes. Il a dit préférer la négociation et la diplomatie.
La déclaration du Président de l'Autorité Palestinienne prépare le terrain à la demande que celui-ci doit faire auprès de l'ONU – le 29 novembre prochain – pour que cet organisme accepte d'accorder le statut d'observateur à la Palestine.
Il est bien sûr trop tôt pour analyser à sa juste valeur la portée de cette déclaration, mais si elle devenait la politique officielle de l'Autorité Palestinienne, un tournant aurait été pris... tandis que la fracture avec le Hamas ne ferait que s'agrandir.  
Rectificatif : Lors d'une interview - le 3 novembre - pour une chaine de la télévision égyptienne, Hamoud Abbas a précisé qu'il n'avait pas abandonné la revendication du « droit de retour » et que sa déclaration précédente devait être considérée comme son point de vue sur sa situation personnelle, mais que « le droit du retour est sacré et que personne ne peut l'enlever » aux palestiniens. En fin de compte, le tournant dont nous espérions être les témoins dans les négociations entre Israël et les palestiniens risque de devoir encore attendre.

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