vendredi 30 novembre 2012

Bienvenue à la Palestine !


Encore un petit effort et cela sera finalement fait : la Palestine sera bientôt accueillie à part entière parmi le concert des nations de ce monde. Depuis hier, la Palestine a un statut d'État non-membre observateur au sein de l'Organisation des Nations Unies (O.N.U.).
Pour accorder ce statut aux palestiniens, l'ONU a certes enfreint ses règles fondamentales. De fait, selon la charte de l'ONU, peut devenir membre de cette organisation tout État qui remplit ces quatre critères : 1) existence d'un gouvernement souverain ; 2) installé sur un territoire défini avec des frontières précises ; 3) ayant autorité sur une population permanente et 4) l'État doit être pacifique.


Le gouvernement palestinien n'est pas souverain car c'est il n'est pas reconnu – par le Hamas – dans la bande de Gaza. De fait, le Hamas a réalisé un véritable coup d'État à Gaza en 2007 en prenant le pouvoir et en expulsant violemment les membres de l'Autorité Palestinienne. À ce jour, le Hamas et l'Autorité Palestinienne n'ont pas encore fait la paix et formé un gouvernement uni pour l'ensemble des palestiniens.
Le territoire de la Palestine ne possède pas de frontières précises car depuis septembre 2010, Mahmoud Abbas refuse de discuter avec les israéliens. Selon l'article premier de la Convention de Montevideo (signée en 1933), un État doit posséder un « territoire défini », c'est-à-dire des frontières précises. Ceci n'est pas le cas pour la Palestine qui doit s'entendre avec Israël à ce sujet.
Le gouvernement palestinien n'est pas souverain sur l'ensemble de sa population car selon Mahmoud Abbas , le futur État de Palestine ne devra pas accepter en son sein de citoyens juifs. Ainsi, la population juive qui réside à l'heure actuelle n'est pas – aux yeux de l'Autorité Palestinienne – soumise au gouvernement palestinien. La situation serait différente si les palestiniens avaient proclamé que tous les habitants actuels de la Cisjordanie – peu importe leur religion – seraient considérés comme citoyens palestiniens.
Enfin, l'État de Palestine n'est pas pacifique car le Hamas – dont l'autorité est reconnue par Mahmoud Abbas – comporte dans sa charte la destruction de l'État d'Israël et le meurtre des juifs.
Cependant, l'ONU a sans doute pensé à l'objectif ultime de cette reconnaissance d'un État observateur : relancer le processus de paix entre israéliens et palestiniens. Si cet objectif est atteint, on ne pourra que se réjouir de cette nouvelle adhésion.
Pour que le processus de paix retrouve une certaine substance, il faudra que chaque partie négocie réellement avec l'autre. Ce qui suit est une liste – non-exhaustive – des points essentiels des négociations et d'un éventuel terrain d'entente dont on peut souhaiter être les témoins :
  • Jérusalem : capitale des État d'Israël et de Palestine. Il s'agit d'un demande constante de la part des palestiniens : Jérusalem doit être la capitale de leur État. Les israéliens devront accepter cette demande, ce qu'avait d'ailleurs déjà fait l'ancien Premier Ministre Ehud Olmert.
  • Le retour des réfugiés palestiniens. Suite à la guerre d'indépendance d'Israël en 1948, un certain nombre de palestiniens ont quitté leur domicile. Leur nombre exact et les raisons de leur départ est l'objet d'un débat ardu entre palestiniens et israéliens. Cependant, demander à Israël d'accueillir environ cinq millions de palestiniens n'est pas réaliste pour un État de six millions d'habitants. Au-delà d'un éventuel retour d'un nombre symbolique, les palestiniens devront abandonner cette demande.
  • Frontières de l'État palestinien. Lors de la Conférence d'Annapolis de 2007, les deux parties s'étaient entendues sur 99% de leur demande respective (visible iciet ici). Ainsi, l'écart n'est pas loin de parvenir à une entente rapide. Le plus souvent, il est fait référence aux frontières d'avant la guerre de juin 1967 – qui sont reconnues comme la frontière de fait entre la Cisjordanie et Israël – comme étant celles du futur État palestinien.
  • Les implantations israéliennes. La question est simple : que faire du demi-milion de juifs qui vivent en Cisjordanie et à Jérusalem est ? Jusqu'ici, les négociations ont toujours eu le même objectif : déplacer cette population (demande palestinienne) ou inclure les territoires dans lesquels ils vivent au sein des frontières israéliennes (demande israélienne). Pour notre part, nous proposons une solution innovatrice : offrir à cette population d'obtenir la citoyenneté palestinienne et rester au sein de la future Palestine. De la sorte, elle pourra devenir le symbole de la nouvelle entente entre ces deux parties (anciennement) ennemies. Cela ne manquerait pas d'ironie pour une population qui – actuellement – est souvent définie comme « extrémiste. »
  • La lutte armée et le terrorisme du Hamas. Contraire aux lois internationales de la guerre et à la charte de l'ONU, le Hamas devra abandonner la lutte armée et se concentrer plutôt sur une entente réelle avec l'Autorité Palestinienne. S'il désire vraiment avoir un rôle important à jouer dans la résolution du conflit, le Hamas doit tourner la page du Jihad contre l'État hébreu. S'il prend ce chemin, il n'aura plus d'opposants sur la scène internationale (notamment les États-Unis) et isolerait encore plus Israël si l'État juif décidait de ne pas aller de l'avant dans les négociations.
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jeudi 29 novembre 2012

Le Maghreb sous la croix gammée


Première partie du documentaire diffusé sur Arte :


Deuxième partie : 


Troisième partie : 

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La croix gammée et le turban


Première partie du documentaire diffusé sur Arte :


Deuxième partie :


Troisième partie :

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mardi 27 novembre 2012

État et financement de manifestations religieuses


(En 1905, lors des débats à l'Assemblée Nationale à propos de la séparation de l'Église et de l'État, le député Paul Lerolle exprima son opinion. Ce qui suit est un court extrait de son discours.)
« Pourquoi l'État, qui trouve dans un budget toujours grossissant les sommes nécessaires pour subvenir à toutes sortes de dépenses, même aux subventions des théâtres – dont ne jouit qu'un petit nombre – pourquoi l'État (…) ne trouve-t-il pas de quoi fournir le moindre subside aux cultes ? »
« Pourquoi l'État ferait-il aux âmes croyantes cette injure de leur dire qu'ayant le souci de tout ce qui est humain, il veut ignorer ce qui leur paraît, à elles, l'intérêt supérieur de leur vie ? »
« Je crois que cela n'est dans le droit d'aucun État, surtout démocratique. D'ailleurs, cette prétendue indifférence des choses religieuses, cette ignorance absolue qu'on voudrait ériger en principe, en réalité est-elle possible ? »


« Oh ! Je sais bien que lorsqu'on parle en doctrine pure, quand on reste dans le domaine des théories, il est facile de séparer le domaine public et le domaine privé, d'élever des barrières infranchissables entre le spirituel et le temporel. Permettez-moi de vous dire cependant – et l'expérience le prouve – que si l'on descend dans les réalités, ces distinctions sont subtiles et les différences s'atténuent. »
« Si le spirituel et le temporel agissent et doivent agir dans des sphères différentes, ils opèrent pourtant sur un même sujet qui est l'homme ; il y a entre eux des contacts nécessaires, inévitables. »
« Vous dites que la religion sera exclusivement du domaine privé. C'est méconnaitre à la fois la nature de l'homme et l'essence de la religion. La religion n'a pas seulement sa source dans le cœur de l'homme individuel ; elle répond aux besoins de l'homme tout entier, tel qu'il est constitué par la nature : de l'homme individuel, de l'homme familial, de l'homme social. »
« Lorsqu'une pensée profonde de religion a pénétré un homme, elle domine dorénavant et dirige toute sa vie ; elle l'oblige à des manifestations d'une multitude, peut-être de la majorité d'un pays. Je défie l'État de les ignorer ou d'y rester indifférent. »
« Il faut alors nécessairement, entre ces deux pouvoirs qui tiennent l'homme par une double autorité, entre l'Église et l'État, une entente qui prévienne ces heurts, ces conflits, qui règle d'avance la façon dont ils pourraient être apaisés ; sinon, vous aboutirez au conflit perpétuel, à la guerre nécessaire et pour le mal de tous, car si l'Église arrive à absorber l'État, c'est une théocratie dont personne ne voudrait et si l'État absorbe l'État, c'est l'oppression détestable des consciences. »
(Dit autrement, le député Paul Lerolle aurait aimé qu'un État qui finance la culture – et on peut rajouter de nos jours : les sports – ne se sente pas indifférent à ce qui touche de près l'âme d'un nombre important de ses citoyens. Personnellement, voilà une opinion que je partage : peu importe si je suis croyant ou pas et peu importe les religions. Une messe peut – aussi – avoir la même importance qu'un match de football. Pourtant, l'histoire en a décidé autremment.)
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dimanche 25 novembre 2012

Morsi et les racines de la dictature


Je me suis réveillé après une courte sieste jeudi après-midi à cause d'un appel téléphonique d'un de mes amis ; celui était paniqué et me demanda d'un ton précipité et tremblant : « As-tu vu les décisions de Morsi ? » J'ai couru à mon ordinateur et j'ai commencé à surfer sur Internet pour savoir ce que le président avait déclenché pendant que je dormais. 
J'ai découvert que le Président Morsi errait dans la vallée de la législation qu'il a faite pour lui-même et pendant qu'il était là, il venait de formuler de nouveaux décrets présidentiels sous la forme de déclarations constitutionnelles.
Après avoir rapidement jeté un oeil sur la déclaration, j'étais obligé d'en venir à la conclusion qu'elle n'était pas logique. Je pensai que cela était dû à mon sommeil interrompu et à mon manque de caféine. Deux tasses de café plus tard, j'ai lu attentivement la déclaration, et à ma grande surprise, elle ne m'apparaissait toujours pas logique !
Les décisions de Morsi n'étaient pas la seule surprise ; de fait, le moment où elles furent prises était déconcertant et les réactions qu'elles avaient créées à différents niveaux étaient également surprenantes. Le contenu même des décisions est beaucoup plus que catastrophique. Morsi s'est déclaré comme étant lui-même une autorité suprême, faisant disparaître les légères traces de responsabilité devant le public que le système politique égyptien avait.
La déclaration a réintroduit l'Égypte dans l'ère d'une puissance politique incontrôlée, mais cette fois-ci, dans un cadre constitutionnel. Une fois de plus, l'Égypte se retrouve dans une forme de démocratie conditionnée. Une démocratie qui pourrait être facilement écrasée et un système qui est conçu par le parti politique le plus fort au service de ses propres intérêts, voici ce que représentent réellement les décisions récentes de Morsi. Ce qui m'a frappé le plus, c'est la rationalisation du président de ses propres décisions.
Le président, son administration et de nombreux porte-parole et sympathisants des Frères Musulmans, les lobbyistes, les analystes et les hypocrites évidents abordent ce sujet de la mauvaise façon.
Le fondement de l'attitude pro-Morsi repose en grande partie sur la confiance que nous devons avoir envers le président et en son jugement et sa sagesse qui garantiront la bonne utilisation de son pouvoir nouveau qui n'est plus contrôlé. J'ai entendu beaucoup de « on doit lui donner sa chance », « il a besoin des pleins pouvoirs pour changer les choses », « il est le président démocratiquement élu », ainsi que « les Égyptiens ont besoin de faire confiance les uns les autres », et beaucoup d'autres déclarations du même genre.
Nous ne discutons pas de savoir si les Égyptiens font ou pas confiance à leur président ; ceci est un débat qui nécessite des chiffres, des enquêtes et des sondages. Par conséquent, je ne peux pas parler au nom de mes compatriotes Égyptiens, mais je peux parler en mon nom. Et quant à moi, je ne fais pas confiance au président, et pas seulement à Morsi. De fait, je ne fais confiance à aucun président. Je crois que les êtres humains sont facilement corrompus par le pouvoir et que les présidents sont toujours de bons candidats pour la corruption.
La question n'est pas de faire confiance ou pas à un président ; plutôt, il s'agit de savoir si nous faisons confiance ou non à un système. Morsi et ses partisans nous demandent de faire confiance à un président qui travaillera au sein d'un système d'autorité absolue. L'Égypte n'a pas besoin d'un homme de confiance ; il lui faut plutôt un système qui fera du président – peu importe qui il est – responsable devant le peuple ; c'est seulement après que nous pourrons faire confiance au président.
Je suis également intrigué par la logique du président. Morsi dit que, grâce à ces mesures exceptionnelles et non-constitutionnelles, il sera en mesure de répondre aux exigences de la révolution. Quelque chose dans cette logique ne tient pas debout. L'accession au pouvoir de Morsi a été facilitée surtout par l'assurance donnée par la révolution à la procédure légale. Si les différentes forces au sein de la révolution avaient eu recours à des mesures exceptionnelles et non-constitutionnelles, la série d'élections que les Frères Musulmans a remporté n'aurait pas eue lieu.
Chacun d'entre nous (y compris Morsi) est arrivé là où il se trouve aujourd'hui en raison d'un processus politique supervisé par les différentes branches au sein de l'État. Par conséquent, la légitimité de Morsi n'est pas une légitimité révolutionnaire ; il s'agit plutôt d'une légitimité institutionnelle qui provient d'élections supervisées par les institutions publiques.
Morsi et la Fraternité ont rejeté tous les appels en faveur des mesures exceptionnelles révolutionnaires au cours de la phase de transition ; pour quelle raison désirent-ils les ressusciter aujourd'hui, précisément lorsqu'ils détiennent le pouvoir? En outre, pour quelle raison devrions-nous faire confiance en quelqu'un qui a soudainement décidé d'opérer un changement de cap important sans raisons rationnelles ?
Le moment où cela arrive n'est pas moins étrange que ce qui arrive. Je crois que Morsi a considéré son rôle à Gaza comme une percée spectaculaire dans le rôle régional de l'Égypte et qu'il voulait que sa victoire dans les négociations puisse lui servir au niveau national. Le seul problème qu'il avait à l'intérieur de l'Égypte était les manifestations en cours dans la rue Mohamed Mahmoud.
Le président a pensé qu'il pourrait calmer le jeu en promettant un procès pour les personnes accusées d'avoir tué des manifestants à des manifestations dans cette rue à la même période l'an dernier. De cette façon, sa popularité aurait augmenté dans la rue et ce serait ajoutée à sa victoire diplomatique à Gaza. Toutefois, pour tenir ces procès, il a dû garantir des bénéfices pour lui-même et la Fraternité, dans l'espoir que l'un pourrait équilibrer l'autre. Mais cette vision étroite et à courte vue a ignoré deux questions.
Tout d'abord, les manifestations à propos des évènements de la rue Mohamed Mahmoud ne sont pas seulement à propos de procès ; ces manifestations cherchent l'effondrement d'une matrice entière inefficace et corrompue. Ensuite, les forces de l'opposition sont mieux organisées maintenant que ce qu'elles l'étaient il y a quatre mois, lorsque Morsi est arrivé au pouvoir. Pour ces deux raisons, Morsi a fait des mauvais calculs au mauvais moment.
La déclaration de Morsi peut être interprétée seulement d'une façon qui démontre les racines d'une nouvelle dictature. Il n'y a aucune possibilité pour que ces décisions devraient être traitées comme des éléments distincts ; plutôt, il s'agit d'un ensemble complet. Un président qui rend l'autorité judiciaire inférieure à la sienne et prend ses décisions à l'abri de toutes les formes de pétition ne peut pas avoir notre confiance pour protéger les droits individuels et pour respecter les exigences d'une révolution démocratique. Bienvenue dans la dictature post-révolutionnaire égyptienne.
Ziad Akl
Ziad Akl est un sociologue politique et un spécialiste du Moyen-Orient au "Centre Ahram pour les études politiques et stratégiques." Il est chercheur senior à l'"Unité égyptienne d'études" et rédacteur en chef de la revue "Egyptian Affairs."
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Article reproduit avec l'autorisation du Daily New Egypt
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vendredi 23 novembre 2012

Le bien-vivre ensemble


Commentaire d'Annie Stasse, suite à la parution d'un article : « Je suis une vieille bonne femme féministe depuis les années 50 ou 60 dans ma tête, 70 quand ce fut l'occasion de la clamer plus fort. Le voile (pour les femmes musulmanes) a ce rappel pour moi. Une enfermement de la femme. Donc, vous avez compris, j'ai du mal à supporter. »
« Je voyage depuis l'âge de 4 ans. J'ai fait connaissance avec le Maghreb années 60. Puis j'ai pris connaissance à l'occasion de l'intervention de l'URSS en 79/80 de la condition des femmes en Afghanistan… avec horreur. Quand je vois des voisins avec barbes et "robes" ça me dérange. Les femmes sont en noir totalement recouvertes. J'ai du mal à les regarder. »
« J'ai eu à porter une croix. Je la cachais sous un pull ou corsage. Bien qu'à l'époque le catholicisme était majoritaire. J'ai du mal aussi à comprendre les gens qui mettent leurs gosses dans des écoles non laïques, qu'ils soient catho ou juifs…… Ils se mettent à l'écart des autres. Alors maintenant vous avez quoi à me reprocher ? Au fait je suis athée depuis un bail. »
Annie, en quelques mots, vous avez fait l'inventaire non exhaustif des situations dans lesquelles les différences entre une personne athée et une personne croyante sont flagrantes. Au-delà de cet aspect de notre vie – laïcité-religion – la liste est longue des différences que nous rencontrons dans notre quotidien. Cela commence chez nous, lorsque notre conjoint nous oppose un « non » inattendu. Cela continue avec nos enfants qui sont très ingénieux à faire l'exact opposé de ce que leur demandons. Au travail, ce sont nos collègues qui ne sont pas toujours conciliants, sans parler de notre patron. Dois-je rajouter notre banquier, le guichetier à la poste, notre voisin ? D'autre part, le plus puissant de nos opposants n'est-il pas notre propre ego ? Combien de fois nous sentons-nous pas assez intelligent, trop timoré, pas assez cultivé... ?
L'unicité n'est pas de ce monde. Avec notre première respiration, nous avons amené la séparation, le noir et le blanc, la vérité et le mensonge... En naissant, nous entrons dans un monde d'oppositions. Avec la mort, nous entrons de nouveau dans celui du « un », de l'absence totale du contraire. Entre les deux, nous restons quelques années sur terre. Il nous revient de faire de ce passage un moment de joie ou d'énervement.
Ainsi, votre statut de personne athée n'est certainement pas un obstacle au bien-vivre de croyants dans votre environnement ; l'inverse est également vrai. Dans les deux cas, vous êtes une facette unique de ce monde et vous tenez le rôle que vous êtes libre de choisir. L'Autre joue également un rôle : celui qu'il a choisi. Peut-on logiquement s'attendre que ces deux rôles soient en tous points semblables ?


Si vous avez décidé de vivre sans religion, les personnes croyantes doivent-elles vous le reprocher ? Certainement pas ! De même, un non-croyant de devrait pas juger d'une façon négative ceux et celles qui croient. À chacun à sa vie, à chacun son chemin. N'est-ce pas cela qui forme une société pleine de vigueur : la diversité de ses membres ?
Je n'ai pas de mal à regarder une femme entièrement voilée. Je n'en ai pas non plus à regarder une autre à peine vêtue. Chacune à choisit sa voie et je ne me donne aucune – vraiment aucune – raison d'en juger plus favorablement une par rapport à l'autre. Suis-je le juge de l'humanité ?
Ma vie, mes choix et mes préférences ne concernent que moi. La frontière doit être imperméable à toute forme de jugement à l'égard de l'Autre. Nous avons déjà des milliers de lois (dans le Code civil) et principes généraux (Déclaration universelle des droits de l'homme, de la tolérance de l'UNESCO...) qui nous gouvernent. N'est-ce pas suffisant ? Aussi longtemps que l'Autre ne me force pas à le suivre, pour quelle raison devrais-je juger que ma façon de vivre est plus : intelligente, tolérante, ouverte... ?
Si j'ai du mal à regarder quelques chose, c'est plutôt à la violence conjugale que je pense ; également, la violence faite aux enfants m'est insupportable. Nos hommes et femmes politiques – dans leur immense majorité – me sont aussi plus difficiles à regarder qu'une femme voilée. Leurs mensonges à notre égard, leur mesquinerie et leur orgueil me sont pénibles. Qu'une femme décide de se voiler fait partie de notre privilège de démocrates. Désirons-nous changer de système et vivre dans une société plus restrictive ? Pas moi. en tout cas.
Si des catholiques ou des juifs préfèrent mettre leurs enfants dans des écoles religieuses, je ne trouve pas cela différent de ceux qui les mettent dans les écoles laïques de la République. Dans les deux cas, les parents font le choix qu'ils pensent être le meilleur. Avons-nous l'obligation de vivre tous ensemble, de penser la même chose ?
Si une personne vous reproche d'être athée, elle n'a rien compris à la vie en société. Faisons attention à ne rien reprocher aux croyants : pour le coup, c'est nous qui n'aurions rien compris. La France ne m'appartiens pas, elle n'est pas ma chasse gardée. C'est parce que nous aimons l'être humain que nous pouvons bien vivre ensemble.
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jeudi 22 novembre 2012

Texte du cessez-le-feu entre Gaza et Israël


(Ci-dessous est la traduction française du l'accord de cessez-le-feu entre Gaza et Israël)
Accord concernant un cessez-le-feu dans la bande de Gaza 
1. (Cette partie ne possède pas de titre)
a. Israël devrait cesser toutes les hostilités par voie terrestre, aérienne et maritime dans la bande de Gaza, y compris les incursions et la prise de personnes pour cible.
b. Toutes les factions palestiniennes doivent cesser toutes les hostilités de la bande de Gaza contre Israël, y compris les tirs de missiles et toutes les attaques le long de la frontière.
c. Les sujets de l'ouverture des points de passage, de l'amélioration de la libre-circulation des personnes et le transfert des biens, ainsi que de l'obligation de s'abstenir de limiter la libre-circulation des résidents des zones frontalières et de les prendre comme cible, ainsi que les procédures de mise en œuvre doivent être abordés après une période de 24 heures depuis le début de la trêve.
d. Les autres aspects qui pourraient éventuellement être formulés seront pris en compte.

2. Mécanisme de mise en œuvre 
a. L'accord de cessez-le-feu doit entrer en vigueur à minuit (22 novembre 2012).
b. L'Égypte recevra l'engagement de chaque partie qu'elle s'engage à respecter ce qui a été convenu.
c. Chaque partie s'engage à ne pas effectuer d'actes qui enfreignent cet accord. Dans le cas d'observations à formuler, l'Égypte – en sa qualité de sponsor de cet accord – en sera informée.

Commentaire : 
  • Il est étonnant d'être en présence d'un accord qui ne porte aucune signature par les « parties » concernées. De fait, il est toujours demandé aux différentes parties citées dans un accord d'apposer leur signature comme signe d'engagement.
  • Le Hamas n'est pas cité ; plutôt, on fait référence à « toutes les factions palestiniennes. » Celles-ci ont-elles réellement pris l'engagement à respecter cet accord ?
  • L'ouverture des points de passage est formulée d'une façon obscure : s'il n'est pas dit que « tous » les points de passage doivent être ouverts, il n'est pas non plus écrit « quelques. » Ainsi, le Hamas pourra déclarer que « tous » les points de passage doivent être ouverts (y compris ceux entre Israël et Gaza), tandis qu'Israël pourra dire que « tous » n'étant pas écrit, l'accord fait référence au point de passage entre l'Égypte et Gaza, mais pas celui entre Gaza et Israël.
Pour ces raisons, on peut ne pas être très optimiste sur les chances de réussite de cet accord. 
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mercredi 21 novembre 2012

Obscénité


Remettons les choses en place.
Tsahal a évacué Gaza, unilatéralement, sans conditions, en 2005, à l’initiative d’Ariel Sharon.
Il n’y a plus, depuis cette date, de présence militaire israélienne sur ce territoire qui est, pour la première fois, sous contrôle palestinien.
Les gens qui l’administrent et qui, par parenthèse, ne sont pas arrivés par les urnes mais par la violence et au terme – juin 2007 – de plusieurs mois d’un affrontement sanglant avec d’autres Palestiniens, n’ont plus avec l’ancien occupant l’ombre d’un contentieux territorial du type de celui qu’avait, mettons, l’OLP de Yasser Arafat.
Des revendications d’un Arafat comme de celles, aujourd’hui, de Mahmoud Abbas, on pouvait estimer qu’elles étaient excessives, ou mal formulées, ou inacceptables : au moins existaient-elles et laissaient-elles la possibilité d’un accord politique, d’un compromis, alors que, là, avec le Hamas, prévaut une haine nue, sans mots ni enjeux négociables – juste une pluie de roquettes et de missiles tirés selon une stratégie qui, parce qu’elle n’a plus d’autre but que la destruction de l’« entité sioniste », est une stratégie de guerre totale.
Et quand Israël, enfin, s’avise de cela, quand ses dirigeants décident de rompre avec des mois de retenue où ils ont accepté ce qu’aucun autres dirigeants au monde n’ont jamais eu à accepter, quand, constatant, de surcroît, dans l’effroi, que le rythme des bombardements est passé d’une moyenne de 700 tirs par an à presque 200 en quelques jours et que l’Iran a, par ailleurs, commencé de livrer à ses protégés des FAJR-5 pouvant frapper, non plus seulement le sud, mais le cœur même du pays, et jusqu’aux faubourgs de Tel-Aviv et Jérusalem, ils se résolvent à réagir – que croit-on qu’il se passe ?
Le Conseil de sécurité des Nations unies, que l’on a rarement vu, ces derniers mois, si prompt à la détente, se réunit dans l’urgence pour débattre, non de l’éventuelle disproportion, mais du principe même de la légitime défense israélienne.
Le ministre des Affaires étrangères britannique, à qui l’on ne souhaite pas de voir la partie sud de son pays sous le feu d’une organisation reprenant le sentier de la guerre terroriste, menace l’Etat hébreu de perdre, en faisant son travail de protection de ses citoyens, les maigres derniers soutiens qu’il a la bonté de lui reconnaître sur la scène internationale.
La responsable de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, commence par dédouaner le Hamas d’attaques fomentées pour partie, selon elle, par d’« autres groupes armés » et ne trouve à déplorer, dans le plus pur style tartufe du renvoi dos à dos des extrémistes-des-deux-bords, qu’une « escalade de la violence » où, comme dans la nuit hegelienne, toutes les vaches sont devenues grises.
Le Parti communiste, en France, exige des « sanctions ».
Les Verts, que l’on n’a guère entendus, ni sur la Syrie, ni sur la Libye, ni sur les centaines de milliers de morts des guerres oubliées d’Afrique ou du Caucase, clament que « l’impunité d’Israël doit cesser ».
Des manifestants « pacifistes », qui ne daignent pas, eux non plus, sortir de chez eux quand c’est Kadhafi ou Assad qui tuent, descendent soudain dans la rue – mais c’est pour dire leur solidarité avec le seul parti qui, en Palestine, refuse la solution des deux Etats, donc la paix.
Et je ne parle pas de ces experts ès conspiration qui, confortablement installés dans leur fauteuil d’éditorialiste ou de stratège en chambre, ne veulent voir dans cette histoire que la main démoniaque d’un Netanyahou trop heureux d’une nouvelle guerre qui va faciliter sa réélection.
Je n’entrerai pas dans des comptes d’apothicaire remontrant à ces ignorants que tous les sondages, avant la crise, donnaient Netanyahou déjà largement gagnant.
Je ne m’abaisserai pas à confier à des gens pour qui, de toute façon, quoi qu’il fasse, Israël est l’éternel coupable, ce qui, si j’étais israélien, me dissuaderait, moi, de voter pour la coalition sortante.
Et quant à rappeler à ces petits malins que, s’il y a une manœuvre, une seule, aux sources de cette nouvelle tragédie, c’est celle d’un establishment Hamas qui est prêt à toutes les surenchères et toutes les fuites en avant, et qui est décidé, en réalité, à lutter jusqu’à la dernière goutte de sang du dernier Palestinien plutôt que d’avoir à rendre le pouvoir, ainsi que les avantages qui vont avec, à ses ennemis jurés du Fatah – à quoi bon ?
Face à ce concert de cynisme et de mauvaise foi, face à ce deux poids deux mesures qui fait qu’un mort arabe n’est digne d’intérêt que si l’on peut incriminer Israël, face à cette inversion des valeurs qui transforme l’agresseur en agressé et le terroriste en résistant, face à ce tour de passe-passe qui voit les Indignés de tous pays héroïser une nomenklatura brutale et corrompue, impitoyable avec les faibles, les femmes, les minorités et enrôlant ses propres enfants dans des bataillons de petits esclaves envoyés creuser les tunnels par où transiteront les douteux trafics qui vont les enrichir encore, face à cette méconnaissance crasse, en un mot, de la nature réelle d’un mouvement dont « Les protocoles des sages de Sion » sont un des textes constitutifs et que son chef, Khaled Mechaal, dirigeait jusque récemment depuis une confortable résidence à Damas, il n’y a qu’un mot : obscénité.
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mardi 20 novembre 2012

Défendre les palestiniens (1)


Défendre la cause palestinienne ne devrait jamais nous amener à adopter le discours des islamistes du Hamas. De fait, dans tous les pays arabes, nous sommes peu enclins à défendre les idées des partis politiques islamistes, tandis que nous supportons celles des défenseurs des valeurs démocratiques. Pour quelle raison devrions-nous donc nous aligner sur le Hamas ? N'est-ce pas le Hamas qui a été récemment condamné pour des tortures faites ... sur des palestiniens ? 
Défendre la cause palestinienne ne devrait pas nous faire avaler des couleuvres. Par exemple : dans leur description des victimes palestiniennes (souvent des enfants), les sources palestiniennes sont invariablement celles du Hamas. Ainsi, nous devons toujours garder notre esprit critique à propos de la véracité de ce discours. Voici quelques exemples (la vidéo fait référence à la guerre de 2009) :


Le Hamas accusé d'utiliser des boucliers humains, de torturer des palestiniens, de mentir ? Pour quelle raison devrions-nous prêter foi à son discours ?
Autre exemple, sur le site Oumma.com de la communauté musulmane de France, on montre des "images (de Gaza) censurées par le média". À l'appui de cette affirmation, le site publie une photo de "la petite Amal, 11 ans, à l'hôpital de Gaza" :


La réalité est que la petite Amal est syrienne et qu'elle a été blessée dans la ville de Homs en Syrie, comme le prouve cette photo de l'AFP, prise en juillet 2012 :


Également : l'affirmation - par The International Solidarity Movement - des "destructions massives" par l'armée israélienne et des victimes innocentes que sont les enfants. À l'appui, une photo est proposée, celle d'un petit garçon "symbole de la force et du courage des Gazaouis"  :


Une fois de plus, la réalité est autre. Cette photo est également celle d'un enfant blessé par l'armée syrienne, tel qu'il est dit ici :


Pour conclure, cette image qui montre (à gauche) un massacre en Syrie et (à droite) la volonté de nous faire croire à um massacre à Gaza :


Que des civils palestiniens meurent à Gaza est une triste évidence. Cependant, la faute repose principalement sur le Hamas qui tire ses missiles depuis des zones résidentielles, ce qui est strictement interdit par la loi de la guerre. Utiliser des images d'enfants pour gagner la guerre médiatique est une honte que nous ne devons pas cautionner.
(Suite à l'affrontement entre le Hamas et l'armée israélienne en novembre 2012, il est possible de lire ici une sorte de suite à cet article.)
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lundi 19 novembre 2012

Avec qui les Frères Musulmans s'alignent-ils ?


Avec qui les Frères Musulmans s'alignent-ils: les Salafistes ou les forces démocratiques ? 
Par Farid Zahran
C'est un fait bien connu que l'Assemblée Constituante [le Parlement égyptien] doit finaliser la Constitution avant le 12 décembre. Malgré cela, il semble que les différents partis politiques insistent désormais sur leurs positions respectives, plus que jamais auparavant. Les désaccords existent principalement entre trois partis : les Salafistes, derrière lequel les Djihadistes et les Takfiris se ont alignés, les Frères Musulmans qui attirent le soutien de quelques salafistes, et les forces démocratiques dont les rangs sont composés de libéraux, Nassériens, de gens de gauche et de sociaux-démocrates.
Ces désaccords se situent généralement sur trois points litigieux : 1) le système de gouvernance, 2) les droits socio-économiques, 3) l'identité de l'État.
Sur le premier point de discorde, les dissensions s'articulent principalement autour des compétences respectives des forces armées et du président, ainsi qu'à propose de l'indépendance de la magistrature. En ce qui concerne les droits économiques et sociaux, les textes pertinents sont déséquilibrés et peu clairs dans la mesure où certains de ces droits sont clairement stipulés tandis que d'autres sont décrits d'une manière vague. Enfin, le troisième point de discorde concerne le droit pour un organisme composé des principaux érudits religieux et dirigeants d'Al-Azhar à interpréter la Shari'a.
Il existe également d'autres désaccords qui concernent une nouvelle interprétation du deuxième article de la Constitution, qui affirme que les principes de la Shari'a islamique se trouvent au sein des quatre Écoles Sunnites de loi. Il existe aussi des désaccords concernant les droits de la femme et les libertés civiles ; de fait, selon les salafistes, l'égalité entre hommes et femmes ne devrait pas être stipulée sauf si elle est suivie d'une condition : un texte clair qui soulignerait que cette égalité ne doit pas violer la loi de Dieu.
Les partisans d'un État fort et hégémonique, insistent pour donner des pouvoirs considérables à l'armée, sans doute parce qu'ils espèrent voir l'armée contrôler d'une certaine façon les Frères Musulmans dans un proche avenir. D'autre part les Frères Musulmans, comme tout porte à croire, tiennent impérativement à ces articles qu'ils considèrent comme partie intégrante de l'accord qui a renversé le maréchal Field Marshal Tantawi et renvoyé l'armée à l'arrière-plan du paysage politique.
En ce qui concerne les pouvoirs du Président - en particulier son droit de nommer le Premier ministre sans majorité au Parlement ou dans le cas de la dissolution du Parlement - il est évident que les Frères Musulmans sont prêts à faire marche arrière alors qu'ils détiennent la présidence, mais cela sera bénéfique à tous les autres partis politique qui pourront éventuellement occuper ce poste à l'avenir. Fait remarquable, les salafistes ne semblent pas intéressés par ces questions et n'ont donc pas donné leur avis à propos de toutes les dispositions relatives au système de gouvernance. Plutôt, ils considèrent ce sujet comme peu d'importance qui ne les concerne pas.
À mon avis, les droits socio-économiques ne seront pas une source de désaccord significatif. Les Salafistes ne sont pas intéressés par ce sujet, tandis que les Frères Musulmans sont prêts à accepter n'importe quelle formulation en regard à ces droits – même si elle est radicale – afin de satisfaire les forces sociales-démocrates et de gauche.
En fin de compte, les formulations qui découleront du cadre des principes constitutionnels généraux n'entraîneront pas d'engagements sociaux spécifiques de la part de l'État envers ses citoyens. Ainsi, je pense que les différentes forces politiques parviendront à un accord sur les dispositions relatives aux droits socio-économiques.
À mon avis, les dispositions relatives aux libertés et à l'identité de l'État sont les principaux obstacles à la conclusion d'un accord. Je crois que plus la date limite pour l'Assemblée Constituante deviendra proche, plus les partis devront choisir entre deux choix fondamentaux :
1. Les différents partis politiques parviendront à un accord et entreront dans une période de stabilité équilibrée dans laquelle une constitution codifie et gère les conflits politiques.
2. Les principaux partis politiques se diviseront à propos de la Constitution, ce qui mènera inévitablement à la naissance d'une Constitution reconnue par certains citoyens, tandis que rejetée par d'autres. Le danger est que tous ceux qui rejetteront la Constitution s'uniront pour former un seul mouvement plutôt que de rester isolés et des fragments individuels de différents mouvements. En pratique, cela signifie que notre société pourrait atteindre un niveau de polarisation qui, si elle se poursuivait, pourrait conduire à encore plus de divisions.
Tous les partis politiques principaux, les islamistes, les membres du PND (Parti National démocratique, de l'ancien dirigeant Hosni Mubarak) et les forces démocratiques ont utilisé toutes leurs forces afin d'obtenir la meilleure Constitution de leurs points de vue respectifs. Cependant, tous les membres rationnels de ces trois groupes sont conscients du fait que toute négociation doit prendre fin et que cette fin est imminente, non seulement parce que le temps alloué à l'Assemblée Constituante touche à sa fin, mais aussi parce que le public commence à perdre patience.
Il existe une pression considérable de la part de la population qui exige que les élites mettent fin à leur querelle et parviennent à un accord qui garantit au pays un minimum de stabilité.
Certains critiques des Frères Musulmans pensent que ce groupe n'est pas intéressé à la rédaction d'une Constitution ou l'organisation de nouvelles élections parlementaires en se fondant sur le principe que ce groupe ne croit pas en la démocratie ou en le concept du « transfert du pouvoir. »  Personnellement, je m'abstiens de lire dans les intentions des Frères Musulmans et de savoir si oui ou non les Frères Musulmans croient en la démocratie. Je peux simplement dire que les Frères Musulmans sont obligés de terminer un projet de Constitution et d'organiser des élections législatives parce que le Front Monétaire International (FMI) a prévu que c'est le Parlement égyptien qui doit donner son accord au prêt qui doit être accordé à l'Égypte.
De plus, un certain nombre de gouvernements et d'organismes à l'étranger attendent aussi la création d'un régime démocratique stable avant d'envoyer une aide économique à l'Égypte. Dans la mesure où les Frères Musulmans assument la responsabilité de diriger le pays, ils sont conscients du fait que cette assistance est nécessaire, non pour parvenir à la prospérité ou améliorer la performance économique égyptienne, mais plutôt afin de prévenir l'appauvrissement accru et la décadence économique du pays.
Ainsi, nous sommes confrontés dans ce cas aussi à deux choix : l'entente ou de la division. Chaque parti politique a démontré le pouvoir qui est réellement le sien et négocié par tous les moyens. Ceux qui sont rationnels et conscients du jeu politique vont essayer d'amener les négociations à leur inévitable et douloureux dénouement : offrir des concessions mutuelles et parvenir à ce qui est le minimum acceptable pour les différentes partis politiques.
Cependant, il est utile de rappeler ici que ceux qui sont rationnels dans l'arène politique sont rares, en raison de l'absence d'expérience de la plupart des dirigeants politiques - en particulier dans les rangs des Frères Musulmans et des Salafistes. Ainsi, nous devons comprendre que les Frères Musulmans, qui en dernière analyse sont plus fiables que les Salafistes, font face à deux choix : soit s'aligner avec les forces démocratiques pour construire le cadre d'un accord qui pourra attirer certains Salafistes et en repousser d'autres, ou tenter de s'aligner avec les Salafistes et exclure toutes les forces démocratiques du cadre de l'accord.
Personne ne peut prédire avec précision ce que feront les Frères Musulmans. Cependant, peut-être, nous serons en mesure de revenir sur ce sujet à une autre occasion - dans quelques jours - et offrir alors une réponse à la question du titre de cet article : « Avec qui les Frères Musulmans s'alignent-ils: les Salafistes ou les forces démocratiques ? »

Farid Zahran est membre du PSDE (Parti Social Démocratique Égyptien)

Article reproduit avec l'autorisation du "Daily New Egypt"
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