mercredi 13 février 2013

Une laïcité ouverte (1)


(En 2007 au Québec, la Commission Bouchard-Taylor a étudié les différentes conceptions de la laïcité et leurs applications pratiques au sein de la société. Le rapport volumineux (310 pages) de cette commission constitue le fil conducteur de mon texte. Si celui-ci s'en inspire quelques fois fortement, il s'en écarte également. Dans tous les cas, ce qui est proposé correspond à la société française et à ma conception de la laïcité.)
Il existe bien évidemment de bonnes raisons pour ne pas accepter toutes les demandes d’accommodement au sein de la société française. Lorsqu'une demande représente une contrainte excessive, nous avons toutes les raisons de la refuser. On peut regrouper ces raisons en quatre groupes distincts :
  1. Un coût déraisonnable
    Si une institution publique doit engager des dépenses importantes afin de satisfaire les demandes d'un groupe particulier de citoyens, il nous paraît logique de ne pas accepter ces demandes.
  2. Un bouleversement dans le fonctionnement de l'organisme ou de l'établissement
    Si satisfaire à une demande signifie un changement important dans la façon de travailler ou d'organiser les tâches de travail au sein d'un organisme, on ne peut certainement pas demander aux employés un tel écart dans leur routine.
  3. Une atteinte aux droits d'autrui
    Si un certain groupe de personnes se trouverait restreint dans ses droits à cause d'une demande d'accommodement, nous n'avons aucune raison d'accéder à cette demande. Pour quelle raison les demandes d'un groupe devrait priver un autre de ses droits ?
  4. Une atteinte à la sécurité ou à l'ordre public
    Il est certain qu'une demande spécifique qui mettrait en danger la sécurité du public ne peut pas être acceptée. Dans aucun cas nous ne pouvons envisager que la volonté d'un groupe de personnes puisse représenter un danger pour un autre.


C'est pour ces raisons que l'interdiction française des signes religieux à l'école publique représente une conception d'une laïcité restrictive qui n'est pas appropriée. En premier lieu, cette conception attribue à l'école une mission émancipatrice dirigée contre les religions qui ne nous semble pas compatible avec le principe de la neutralité de l'État et de sa séparation avec la religion. De plus, cette interdiction est contraire au processus d'intégration de tous les citoyens de notre société car elle leur demande de mettre en veilleuse leur identité.
À l'opposé de cette laïcité restrictive, nous proposons une laïcité ouverte qui se base sur les principes suivants :

  1. L'égalité hommes-femmes
    Il s'agit d'une valeur fondamentale de notre société. Une demande qui ne remet pas en cause cette valeur doit avoir toutes les chances d'être acceptée. Dans le secteur des soins de santé – où certains soins peuvent avoir un aspect très intime – il semble acceptable d'accéder aux demandes particulières qui remettent en question cette égalité, dans la mesure du possible. Cela est d'ailleurs déjà le cas dans la loi française.
  2. La mixité
    Il s'agit certainement d'une valeur également importante de notre société, mais à un degré moindre que celle de l'égalité hommes-femmes. Pour cette raison, il peut être envisageable d'organiser certains modes de fonctionnement pour lesquels la mixité ne serait pas retenue (par exemple : la répartition des élèves dans une classe, des cours de natation, etc.)


  3. Prières dans les institutions publiques
    Si l'État n'est pas obligé d'instituer des lieux de prière permanents au sein des institutions publiques, il semble raisonnable d'autoriser la prière dans des locaux non occupés ou dans des locaux dans lesquels une prière d'une durée raisonnable de gênerait pas le fonctionnement d'une institution.
  4. Interdits alimentaires et signes religieux
    Ceux-ci doivent être respecter en tenant compte des quatre conditions qui ont été mentionnées plus haut. Il en va de même pour le port du foulard islamique, de la kippa ou du turban. Également, le port du foulard dans les compétitions sportives doit être accepté, s'il ne compromet pas la sécurité de qui que ce soit.
  5. Protection des droits
    Les demandes d'accommodement dont l'objectif est des protéger des droits devraient être acceptées. Ainsi, les demandes de congés religieux non chrétiens nous semblent légitimes parce qu'ils corrigent une situation d'inégalité.   

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