vendredi 19 octobre 2012

Une laïcité pour le citoyen... tous les citoyens


Pousser l'autre dans un coin ; le pousser pour qu'il se sente étranger, malvenu. Pointer du doigt celui qui ne pense pas comme nous – dans les domaines qui nous dérangent et nous interpellent – et ne parle pas, ne s'habille pas, ne croit pas... comme parlaient, s'habillaient et croyaient nos parents et nos grands-parents.
Cerner « le problème » afin de l'identifier et assurer le monde de notre bonne foi en proclamant que « le problème, c'est lui ! » Poursuivre nos réflexions et « évoluer » d'une façon qui ne modifiera en rien notre façon de faire, d'agir et de vivre.
Il existe une multitude de processus qui permettent de dire à l'Autre que nous ne l'aimons pas. La façon directe (« Je ne t'aime pas ! ») est rarement acceptable en public, en politique. Alors, nous agissons de la sorte à aboutir à nos fins, sans l'avouer honnêtement.
Lors des débats à l'Assemblée Nationale qui précédèrent le vote sur la loi contre le port du foulard dans les écoles, les mots « arabes » ou « islam » ne furent pas prononcer une seule fois. Tous et toutes savaient pourtant très bien qui il était question de viser par cette loi : les femmes musulmanes. Celui qu'on n'aime pas avait disparu dans le discours, même si on ne parlait que de lui.
On juge les démocraties sur l'attitude de la majorité par rapport à la minorité. C'est pour cette raison que le printemps arabe nous inquiète. D'une part, nous devons accepter sans difficulté le choix des sociétés arabes à choisir leur chemin, même s'il s'avère très différent du nôtre. En même temps, nous devons garder un oeil attentif sur le traitement des personnes de ce pays qui ne s'identifient pas aux choix de la majorité : minorités religieuses, arabes non croyants ou non pratiquants...
En France, la religion d'un individu ne devrait jamais être présentée comme étant un problème. Entrer dans les écoles publiques la tête nue, avec une kippa ou un foulard, ne devrait pas être interdit. Ce qui devrait l'être – et l'est déjà – c'est la violence, le racisme, l'antisémitisme. Au-delà, chaque individu devrait vivre comme il ou elle l'entend, sans limite aucune.


La laïcité de l'État est une avancée merveilleuse aussi longtemps qu'elle permet à chaque individu de vivre pleinement sa vie d'athée ou de croyant. En Arabie Saoudite, les jeunes filles ont l'obligation de se couvrir la tête pour aller à l'école. Quelle stupidité ! Que penser de la France où elle sont obligées d'avoir la tête découverte ? Dans les deux cas, la majorité impose sa volonté d'une façon malvenue et ridicule. Dans les deux cas, on pointe l'Autre en lui disant que nous ne voulons pas de lui.
La laïcité doit être celle des institutions de l'État qui : 1) ne doit recevoir ses ordres d'aucune autorité religieuse et 2) ne doit favoriser aucune religion par rapport à d'autres. La limite est dépassée lorsqu'on milite pour la laïcité de l'individu : une femme musulmane ne peut pas se rendre dans les écoles publiques françaises, un étudiant juif ne peut pas se rendre à un examen de fin d'année... car programmé un samedi...
Il est important d'assurer la laïcité de l'État, mais il est cruel de favoriser la laïcité des individus. Il est primordial qu'un juif et un musulman croyants en Dieu puissent être élus à l'Assemblée Nationale et même au poste le plus élevé de notre République, mais il est tout aussi important que leurs enfants puissent se rendre dans nos écoles.
La France n'est plus remplie à 99% de chrétiens. La réalité du monde moderne peut déranger certaines personnes, mais elle ne s'honorent pas à vouloir poser des obstacles dans la vie des personnes qui ne leur ressemblent pas. La France appartient à ses citoyens, à tous.

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