dimanche 21 octobre 2012

Pause des lapidations de femmes ?


Une des questions importantes lorsqu'on s'intéresse à la pensée de Tariq Ramadan consiste à comprendre sa position par rapport à certains aspects de la justice islamique que nous considérons inhumains : lapidations, section de membres, condamnation à mort pour homosexualité...
L'affaire avait fait grand bruit en France. Tariq Ramadan discutait avec Nicolas Sarkozy, ministre de l'intérieur à cette époque. Lorsque le ministre s'enquit de l'avis de Tariq Ramadan à propos de la lapidation des femmes dans l'islam, celui-ci répondit qu'il était favorable à un « moratoire. » Je vous propose d'écouter cet échange :


Nombreux ont été ceux qui furent choqués par les propos de Tariq Ramadan. Pour quelle raison ne demandait-il pas tout simplement l'annulation pure et simple d'une mesure aussi barbare que celle-ci ? Comment ne pas s'opposer de toutes ses forces à une attitude digne du Moyen-Âge ?
Lors d'une émission télévisée subséquente, Tariq Ramadan s'expliqua brièvement (21:40 mn.). Je vous propose de l'écouter :


D'une façon plus développée que ces quelques mots, je vous propose mon explication de l'attitude de Tariq Ramadan. Celle-ci est le fruit de mes recherches à propos de cet auteur et n'est pas forcément fermée à une évolution, en fonction de ce qui me reste encore à lire des ouvrages de cet écrivain.
Tariq Ramadan se déclare musulman croyant et pratiquant. Partant, il donne un aspect divin au Coran et aux paroles de ceux qui se déclarent comme prophètes. Ceci est important à réaliser : un texte divin ne peut être réformé, modifier ou simplement annulé. En même temps, Tariq Ramadan s'oppose à la lapidation des femmes. Alors ?
Le seul choix qui s'offre à Tariq Ramadan est celui-ci : plutôt que de demander une annulation des lapidations (ce qui ne peut être fait par aucune autorité religieuse), il préfère y mettre un terme en les déclarant « inapplicables. » L'idée d'un moratoire permettrait de suspendre ces mesures d'un autre âge et de reconnaître que nos sociétés ne peuvent plus admettre ce type de justice.
Le moratoire pourrait être formulé de différentes façons, mais l'idée maîtresse serait d'admettre qu'il est actuellement impossible de lapider des femmes et que cette situation devrait changer lorsque les sociétés admettraient de nouveau de telles punitions.
En se prononçant pour un moratoire, les législateurs islamiques ne s'opposeraient pas de plein fouet avec leurs écritures saintes ; en même temps, ils mettraient fin à un des aspects les plus inhumains de la justice islamique.
J'ajoute que même si mon article fait référence seulement à la lapidation des femmes, Tariq Ramadan s'est opposé maintes fois aux punitions corporelles au nom de l'islam (voir vidéo ci-dessous). Sa position et ma conclusion peuvent donc s'appliquer au-delà des lapidations.


Même s'il n'y fait pas référence, la position de Tariq Ramadan me fait penser à l'attitude adoptée par les autorité religieuses juives... il y a presque deux mille ans. De fait, à une époque ou les tribunaux rabbiniques constataient que l'effet de dissuasion des punitions corporelles diminuait fortement, ils décidèrent d'y mettre fin. C'est pour cette raison que la justice juive n'applique plus les punitions sévères inscrites dans la Bible. On peut souhaiter à Tariq Ramadan de parvenir au même résultat.       

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