lundi 3 septembre 2012

À bas la morale laïque !

Voilà qu'on nous reparle de l'enseignement de la morale à l'école. Jean Baubérot a décrit en quelques lignes les principaux aspects de ce projet et ce qui – d'après lui – devraient en être les lignes conductrices. D'autre part, Claude Lelièvre a rappelé les point importants mentionnés récemment par le ministre de l'éducation. D'après monsieur Lelièvre, cette démarche s'inscrit dans la lignée de Ferdinand Buisson qui a exposé sa pensée dans un livre important : « La foi laïque. » Dans les deux cas, on nous dit que cette initiative gouvernementale est bienvenue et qu'elle représente un moment important pour la République française. On me permettra d'être en désaccord.



L'État règle la vie de ses citoyens à travers les lois, les règlements et autres décrets qui nous disent ce qu'il est autorisé (bien) de faire et ce qui est interdit (mal). Cela ressemble à la définition de la morale (selon le Larousse) : « Ensemble de règles de conduite, considérées comme bonnes de façon absolue ou découlant d'une certaine conception de la vie. » Ainsi, nous avons déjà une morale : le Code civil. Il n'est pas facile de savoir avec exactitude le nombre de lois que celui-ci inclut, mais on parle sans aucun doute de plusieurs milliers de lois. N'est-ce pas suffisant pour gérer et diriger notre vie ? L'État doit-il vraiment empiéter encore plus le peu de vie et de pensée privées qu'il nous reste ?

La différence entre la loi et l'enseignement de la morale est sans doute que la première doit être suivie d'une façon obligatoire, tandis que nous pouvons être en désaccord avec la seconde sans envisager une amende ou un emprisonnement. C'est précisément pour cette raison que je ne désire pas que l'État me dise – et dise à mes enfants – quoi penser. Je suis adulte et j'estime pouvoir me débrouiller tout seul pour me construire. Il m'est inutile d'avoir le contrôle du ministre de l'éducation chaque seconde de ma vie pour me dire si je suis un bon citoyen ou non.

De fait, ce ministre possède de grandes ambitions : celle de la « une construction du citoyen avec certes une connaissance des règles de la société, du droit, du fonctionnement de la démocratie, mais aussi toutes les questions que l’on se pose sur le sens de l’existence humaine, sur le rapport à soi et aux autres, à ce qui fait une vie heureuse ou une vie bonne. » Je rêve ou quoi ? Depuis quand le gouvernement est-il responsable de ma façon de penser l'existence humaine. Certes, je dois respecter les lois, mais plus que cela : basta !

Les valeurs de gauche n'étant pas celle de droite (quoi que...), je me demande ce qui se passera lors du prochain changement de camp au Palais Bourbon et à l'Élysée. Doit-on prévoir un changement du programme de la morale laïque lors de chaque élection ? Ne peut-on pas laisser les citoyens tranquilles ? De plus, la société est plurielle et même si l'école est laïque, les citoyens français ne le sont pas tous. Que dirons-nous aux jeunes garçons et filles croyants qui entendront une morale qui sera contraire à leurs valeurs ? Qu'ils sont des citoyens de seconde classe parce qu'ils pensent différemment ?

La pensée appartient à l'individu et dans nos sociétés ultra-policées, c'est une des dernières parcelles de liberté qui nous reste. Le gouvernement envisage d'y pénétrer en voulant y faire passer son message par la force (les élèves auront-ils le choix de ne pas assister aux cours de morale ?). Peu importe si j'adhère ou pas à celui-ci : on ne devrait pas essayer de forcer la main aux enfants, ni aux adolescents. L'État n'est pas l'exemple qui me vient le premier à l'esprit lorsque je cherche une direction à prendre dans ma vie. Suis-je un assisté pour que Matignon se sente obligé de me prendre en charge ?

Après Sarkozy et ses excès de tous les jours, nous voilà avec Hollande qui va bientôt nous dire quoi penser ! J'en ai un peu marre de ces dirigeants encombrants. Non seulement ils ne sont pas très compétents, mais ils s'octroient une parcelle de gouvernance qui devient franchement embêtante !

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