dimanche 30 septembre 2012

Se respecter dans nos différences


Lors d'un article récemment publié à propos de l'écrivain israélien Shlomo Sand, je m'étonnais qu'on puisse remettre en cause l'existence du peuple juif quand on sait que depuis plusieurs siècles, des millions de personnes s'identifient à ce peuple. Je m'étonnais également de l'empressement des anti-sionistes de trouver « grandiose » cet auteur, tandis que les mêmes anti-sionistes crient au racisme lorsqu'on met en cause l'existence du peuple palestinien qui – en fin de compte – existe depuis seulement une cinquantaine d'années.
Monsieur Salah Guemriche – écrivain renommé et de talent – n'a pas apprécié mon interrogation et m'a répondu de la manière suivante : « Je vous vois réagir au quart de tour chaque fois qu’il est question d’Israël,  et jamais d’autre sujet... A croire que vous êtes en service commandé. Sauf que… Connaissant vos limites en matière d’argumentaires, je suis rassuré : les recruteurs de sanayim ne s’intéresseront jamais à vous, et pour cause !… Vous débitez vos certitudes comme si elles émanaient de mitzvot universelles… Un jour, peut-être, à temps perdu, je dirai ce que je pense de vos œillères idéologiques… » 
« Pour l’heure, à vous qui voyez partout des antisémites et, en l’occurrence, des antisionistes, je demande de faire un petit effort… Dites-vous bien qu’il est des Juifs sionistes comme il est des Juifs antisionistes, des Juifs pro-palestiniens sans être anti-israéliens ; des Arabes pro-palestiniens comme il est des Palestiniens anti-arabes ; des Français anti-Netanyahou et anti-colons sans être anti-Israël… Et puisque vous n’avez aucun argument à opposer à Shlomo Sand (trop fort pour vous et pour tant d’autres, parce que tout simplement lui-même, sans œillères ni langue de bois), faites preuve au moins d’humilité, et écoutez l’historien libre et indépendant qu’il est. Et montrez-nous en quoi il aurait tort. En quoi il serait atteint par je ne sais quel yetser hara ! »

Monsieur Guemriche ne me connait pas ; il ne sais pas si je suis simple laveur de vitres ou professeur d'université ; simple caissier dans une épicerie ou responsable d'une multinationale. Ainsi, je trouve insultant sa façon de réagir et de m'abaisser intellectuellement simplement parce que je ne suis pas d'accord avec lui. Shlomo Sand est peut-être « trop fort » pour moi, mais il se pourrait également que je préfère l'avis des milliers des professeurs d'université – à travers le monde – qui enseignent l'histoire du peuple juif. J'imagine que tout ce beau monde est également plus bas que Shlomo Sand, selon monsieur Guemriche. 
Je suis habitué aux insultes et aux commentaires peu flatteurs sur Médiapart. Je ne cherche jamais à plaire, mais à dire ce qui me semble vrai. Le plus souvent, je ne réponds pas aux personnes qui manquent de savoir-vivre et qui considèrent un forum de discussion comme un lieu d'empoigne. Si je fais une exception pour monsieur Guemriche, c'est qu'il est un homme de lettres et – j'en suis persuadé – intelligent.
Lorsqu'une personne intelligente perd son sang-froid et ne parvient plus à débattre, cela est grave. Lorsque les arguments ne sont plus développés et qu'on préfère s'auto-proclamer plus inteligent que l'Autre – celui avec lequel on est en désaccord – cela n'est pas un bon signe.
Monsieur Guemriche, je n'ai jamais remis en question votre intelligence et le fait que nous sommes en désaccord n'a jamais été un prétexte pour moi de penser penser plus intelligent que vous. Simplement, nous ne sommes pas d'accord. Je regrette que vous ne pensiez pas de la sorte.
Voici mon conseil : rédigez une lettre dans laquelle vous estimez que Shlomo Sand a raison de nier l'existence du peuple juif. Ensuite, envoyez cette lettre à une centaine de chefs de départements universitaires d'histoire. Donnez-leur la possibilité de vous expliquer la raison pour laquelle Shlomo Sand fantasme... aux frais du gouvernement que le paye. Sans doute qu'eux aussi mériteront votre mépris.

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