vendredi 31 août 2012

Antisionisme = antisémitisme ?

Maintes fois, cette question est posée : « Peut-on critiquer la politique de l'État d'Israël, sans être traité d'antisémite ? » Je ne suis pas certain des bonnes intentions des personnes qui se posent cette question. De fait, quel pays dans le monde peut-il se prétendre au-dessus de toutes formes de critique ? S'il existait un tel pays, aurait-il des chances d'être pris au sérieux ? Faire croire qu'Israël serait l'exception et ne supporterait aucune critique est étonnant.

Les dirigeants israéliens, ne vivent pas dans une bulle. À la Knesset (le parlement israélien), les débats sont souvent vifs entre la droite et la gauche. De plus, les parlementaires arabes n'ont pas vraiment la langue de bois et leurs critiques sont souvent rudes à l'encontre de la politique du pays. Pourtant, les accusations d'antisémitisme à leurs égards ne sont pas la règle. Également, les débats au sein de la société ne sont pas toujours empreints de la délicatesse que nous connaissons en France (même si cela n'est pas la règle absolue dans le pays de Voltaire !)


Entendre des critiques est le quotidien d'un gouvernement et en Israël, ce principe est accepté. Washington ne cache pas souvent ses divergences d'opinion avec Jérusalem et pourtant, il n'a jamais été question d'antisémitisme entre les deux pays. Cela est également le cas pour la plupart des pays européens et des organisations internationales (ONU, Croix Rouge...) ; dans leur cas aussi, l'antisémitisme n'est pas un concept qui est mis de l'avant. Alors ? « Peut-on critiquer la politique de l'État d'Israël, sans être traité d'antisémite ? »

Bien sûr, mais en ne dépassant pas certaines limites. Après tout, ce principe s'applique à tous les pays et pas seulement à Israël. Le sujet est vaste et ce ne sont pas quelques lignes qui répondront à toutes les questions. Aujourd'hui, je voudrais m'attarder sur le concept de l'antisionisme et expliquer les raisons pour lesquelles – selon moi – être antisioniste équivaut à être antisémite.

Qu'est-ce que le sionisme ? Selon le Larousse, il s'agit du « mouvement dont l'objet fut la constitution, en Palestine, d'un État juif. » De fait, le droit de chaque peuple à choisir son destin est inscrit dans la charte de l'Organisation des Nations Unies où l'on fait référence (article 1, alinéa 2) au « respect du principe de l'égalité de droits des peuples et de leur droit à disposer d'eux-mêmes. » Ainsi, appuyer le sionisme est soutenir l'idée que le peuple juif doit disposer d'un pays. Partant, s'opposer au sionisme (être antisioniste), c'est s'opposer à la « constitution, en Palestine, d'un État juif. » Les israéliens ont vite aboutit à cette conclusion : ceux et celles qui nous refusent le droit d'existence sont antisémites. Je partage cet avis.

Être sioniste, c'est ne pas vouloir que l'État d'Israël disparaisse. Cela ne donne pas d'indication particulière à propos de la personne qui est sioniste : est-elle de gauche ou de droite ? Intelligente ou stupide ? Fréquentable ou pas ? Etc... Simplement : en étant sioniste, cette personne affiche son accord avec l'existence de l'État d'Israël. Le contraire est intenable car il signifie un déni de justice pour les juifs. Avec des mots bien plus inspirés que les miens, c'est exactement ce qu'à déclaré Martin Luther King. Selon lui :

« L'antisioniste signifie de manière inhérente antisémite et il en sera toujours ainsi (...) Il devrait être si facile de comprendre, de soutenir le droit du Peuple Juif à vivre sur l'antique Terre d'Israël. Tous les hommes de bonne volonté se réjouiront de la réalisation de la promesse de Dieu, que son Peuple retourne dans la joie sur la terre qui lui a été volée. C'est cela le Sionisme, rien de plus, rien de moins. »

« Et qu'est l'antisionisme ? C'est le déni au peuple juif d'un droit fondamental que nous accordons librement à toutes les nations de la terre : celui de posséder son propre État. C'est de la discrimination envers les Juifs, mon ami, parce qu'ils sont Juifs. En un mot, c'est de l'antisémitisme. » (On peut lire le texte entier ici.)

Ayant dit cela, je nie pas le droit aux palestiniens d'avoir eux-aussi leur pays. Si le principe s'applique au peuple juif, il doit s'appliquer aux palestiniens ! Cependant, l'antisionisme qui règne dans le monde arabe en général et chez les palestiniens en particulier me donne peu d'espoir sur la possibilité de voir prochainement la paix dans la région de ce monde. Tant de haine à l'encontre des juifs !

Je sais qu'il existe d'autres définitions de l'antisionisme (lire Wikipedia), mais je n'y adhère pas. Certaines nient de toute façon le droit du peuple juif à posséder son pays ou l'existence même de ce peuple ! D'autres sont plus tendres, mais je m'interroge dans ce cas sur l'utilité de se dire « antisionisme. » Notre vocabulaire est-il si pauvre qu'on ne peut pas formuler son opposition à un aspect d'une politique étatique en étant précis sur ce qui nous dérange ?

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