mardi 18 décembre 2012

Palestiniens : radicaux ou modérés ?


Lorsque Mahmoud Abbas – Président de l'Autorité palestinienne – revint de New York à Ramallah et dit aux Palestiniens qu'il avait obtenu la reconnaissance de l'ONU pour un État palestinien dans les frontières d'avant 1967 – à savoir la Cisjordanie, la Bande de Gaza et Jérusalem-Est – moins de 5 000 Palestiniens, dont beaucoup d'entre eux sont des fonctionnaires qui reçoivent leurs salaires de l'Autorité palestinienne, se sont présentés pour le saluer à Ramallah.
D'autre part, lorsque le chef du Hamas Khaled Mashaal est venu la semaine dernière dans la bande de Gaza pour dire aux Palestiniens que la lutte armée et le djihad sont les seuls moyens de libérer toute la Palestine « du fleuve à la mer » et qu'il n'y avait pas de place pour les sionistes en Palestine parce que le pays appartient seulement aux Musulmans et aux Arabes, des centaines de milliers de Palestiniens sont venus pour accueillir et soutenir Mashaal et son plan visant à éliminer Israël et à remplacer l'État juif par un État islamique.
Même en Cisjordanie, beaucoup de Palestiniens ont exprimé leur soutien pour Mashaal, notamment lorsqu'il dit que les Palestiniens « n'abandonneront jamais un centimètre de la Palestine. »
La télévision officielle de l'Autorité palestinienne a retransmit en direct le discours de Mashaal, ainsi que les célébrations du Hamas marquant le 25e anniversaire de la fondation du mouvement islamiste.
Le large soutien de la part des Palestiniens pour la position du Hamas est un signe qui montre que dans leur majorité, les Palestiniens se sont radicalisés au cours des dernières décennies.
De fait, un dirigeant palestinien qui parle d'un État palestinien en Cisjordanie, la Bande de Gaza et Jérusalem-Est est certainement moins populaire que celui qui parle de « libérer Haïfa, Jaffa, Safed et Beersheba. »


Lorsque Mahmoud Abbas déclare qu'un État palestinien dans les frontières d'avant 1967 conduirait à une paix juste et globale au Moyen-Orient, il ne tient pas compte du fait qu'un grand nombre de Palestiniens pensent le contraire.
Les rassemblements pro-Hamas dans la bande de Gaza – dans lesquels les Palestiniens ont scandé des slogans en faveur de la libération de la Palestine « du fleuve à la mer » et ont appelé à davantage d'attaques à la roquette contre Israël – reflètent la voix authentique du peuple palestinien.
Cette voix qui soutient le Hamas nie également le droit d'exister à Israël. Les rassemblements populaires ont été organisés autant pour apporter un soutien au Hamas que pour exprimer les sentiments vrais et sincères de nombreux Arabes et Musulmans qui croient qu'Israël est un corps étranger qui a besoin d'être déraciné ou exterminé.
Si Mashaal avait pu faire un discours en Cisjordanie – prônant le jihad et la lutte armée contre Israël – il aurait attiré des dizaines de milliers de personnes.
L’Autorité palestinienne est bien consciente de la croissance des sentiments anti-Israéliens parmi ses constituants ; c'est la raison pour laquelle ses dirigeants et porte-parole n'osaient pas dire un mot contre le dirigeant du Hamas lorsque celui-ci a parlé de l'élimination d'Israël.
Au contraire, au lieu d'exprimer des réserves au sujet des messages de haine et de violence de Mashaal, plusieurs responsables palestiniens en Cisjordanie ont salué son discours comme « positif ».
Pour quelle raison ont-ils trouvé le discours positif ? Tout simplement parce que Mashaal a parlé de la nécessité de l'unité entre le Hamas et le Fatah de M. Abbas.
Comment l'Autorité palestinienne – qui prétend demeurer fidèle à la solution de deux États - peut-elle s'associer à un autre groupe qui appelle ouvertement les Musulmans et les Arabes au djihad dans le but de détruire Israël ?
Comme cela est le cas depuis toujours avec l'Autorité palestinienne, il est plus facile de blâmer Israël et les États-Unis pour détruire la solution des deux États plutôt que le Hamas et d'autres organisations terroristes.
Cette opinion a été exprimée cette semaine par Saeb Erekat – le chef négociateur de l'OLP – qui a de nouveau tenu Israël et les États-Unis comme les seuls responsables de l'impasse actuelle dans laquelle se trouve le processus de paix au Moyen Orient.
« À un moment où l'intérêt régional et mondial se déplacent, la fenêtre d'opportunité ne se ferme pas seulement sur la solution des deux États, mais également sur la participation centrale des États-Unis dans le processus de paix », a écrit M. Erakat.  « Punir les Palestiniens ou toute autre personne qui exprime son soutien pour les Palestiniens ou pour prendre des mesures diplomatiques pacifiques, est contre-productif et dangereux. La solution des deux États est la meilleure solution pour tous les intéressés. L'actuel gouvernement israélien ne voit pas cela de la même façon. Il est au moins à espérer que leur allié de toujours, les États-Unis, le voit. »
Erekat et le reste de la direction de l'Autorité palestinienne ne voient pas l'ambition du Hamas de détruire Israël être un obstacle à la paix, pas plus qu'ils ne voient que la véritable menace pour la solution des deux États est le Hamas et le refus de nombreux Palestiniens à accepter le droit d'Israël d'exister.
Abbas, Erekat et d'autres relativement modérés dirigeants palestiniens représentent une minorité décroissante des Palestiniens qui croit encore en la solution des deux États et en la paix avec Israël. Comme l'ont démontré les célébrations du Hamas la semaine dernière, un nombre croissant de Palestiniens ne se sont toujours réconcilier avec l'idée qu'Israël a le droit d'exister.
Par Khaled Abu Toameh
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Khaled Abu Toameh est un arabe musulman, spécialiste de la Palestine depuis une trentaine d'années.
Il commença sa carrière de journaliste pour un quotidien affilié à l'Autorité Palestinienne.
Les articles de Khaled Abu Toameh ont déjà été publiés dans : le Wall Street Journal, Us News, World Report, le Sunday Times de Londres.
Depuis 1989, Abu Toameh est également producteur et consultant pour NBC News.  
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Traduit et reproduit avec l'autorisation du Gatestone Institute.

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