mardi 25 décembre 2012

Et si l'Égypte annexait Gaza ?


Tout d'abord, nous devons féliciter le peuple de Gaza pour sa victoire qui a démontré sa persévérance face à un ennemi si atroce et grâce à laquelle tout le monde arabe et musulman est fier. 
D'autre part, cette victoire – ainsi que les changements qui ont eu lieu dans la région et en particulier en Égypte – rendent nécessaire de réfléchir sur la possibilité que possède l'Égypte d'annexer la bande de Gaza. Selon mon point de vue, c'est la façon idéale d'arrêter l'agression israélienne contre Gaza. En outre, la bande de Gaza fut dirigée par l'Égypte de 1948 à 1967, date à laquelle Israël a occupé Gaza et la péninsule du Sinaï. 

Après la guerre, l'Égypte fut persistante à exiger la libération de ses territoires occupés, ce qui signifiait le désert du Sinaï et la bande de Gaza. Cette demande a duré pendant plusieurs années, jusqu'à ce que le président Anouar el-Sadate renonça à Gaza dans les accords de Camp David et laissa les Palestiniens négocier son retour. 

Sadate fit une erreur quand il abandonna un territoire qui avait été sous la domination égyptienne pendant des décennies. Cette erreur fut, cependant, un choix personnel de la part de Sadate et ne fut approuvée que par ses collaborateurs. Le peuple égyptien, d'autre part, n'approuva pas un traité qui permettrait d'isoler la bande de Gaza. Après tout, Sadate n'avait consulté ni le Parlement, ni l'opinion de son peuple. 

L'annexion de la bande de Gaza par l'Égypte ne se ferait pas en violation des traités de paix ou de l'initiative arabe ; plutôt, elle est la seule alternative possible pour les habitants de Gaza qui seraient alors sous la protection de l'Égypte. L'Égypte bénéficierait également de cet arrangement car elle serait ainsi épargnée par les répercussions du conflit permanent entre la bande de Gaza et Israël qui a toujours eu un impact négatif sur l'économie et la sécurité nationale. De plus, cette situation de tension l'a toujours placée dans une situation délicate face aux puissances étrangères qui insistent pour que l'Égypte soit responsable de la surveillance de ses frontières avec Gaza. 

En outre, ni les États-Unis, ni Israël s'opposeraient à cette annexion ; ceci est également vrai en ce qui concerne l'Organisation des Nations Unies, puisqu'il s'agit d'une question de politique intérieure et qui regarde la population de Gaza et son droit à l'autodétermination. En fait, Israël voudrait que cela se produise afin de se débarrasser de la menace posée par les milices de la bande et garantir ainsi qu'aucune attaque ne soit lancée à partir de ce territoire. 

Il existe également un facteur géographique à prendre e considération. Il sera presque impossible pour Gaza et la Cisjordanie d'être unis ; de fait, ne sont-ils pas séparés par un voie terrestre israélienne dans leur milieu. Comment peuvent-ils former une patrie ? Peut-on penser qu'Israël ouvrira ses frontières afin que les Palestiniens puissent se déplacer librement entre Gaza et la Cisjordanie et vice versa ? Est-ce qu'un tunnel de 57 kilomètres de long sera creusé entre les deux territoires, comme le ministre israélien de la Défense Ehud Barak a proposé une fois ? Peut-on nous attendre à ce que les autorités israéliennes donnent des terres aux Palestiniens qui relieraient la bande de Gaza à la Cisjordanie ? Il semble donc très peu probable qu'un territoire unifié verra jour, tandis qu'il est séparé aujourd'hui par plus de 60 kilomètres. 

L'annexion n'affecterait pas non plus le projet national palestinien. Au contraire, elle rendrait les négociations plus faciles puisque, après la libération de Gaza, l'accent des négociation serait mis sur la Cisjordanie et le plateau du Golan. 
Des combattants de la liberté ont libéré la bande de Gaza et enlevé les colonies israéliennes ; maintenant ils ont conquis Israël et revendiqué le contrôle total sur la bande. Il est maintenant grand temps de se concentrer sur la Cisjordanie, que le monde arabe a longtemps négligé au profit de la bande de Gaza. En fait, c'est ce que veut Israël : distraire les Arabes avec Gaza afin que l'État hébreu puisse étendre ses colonies, annexer des terres de la bande ouest et aller de l'avant avec la judaïsation de Jérusalem. 

Enfin, l'Égypte ne sera jamais en mesure d'avoir la tranquillité d'esprit qui lui permettra de se lancer dans des réformes économiques et de lancer des projets de développement tant que la bande de Gaza représentera pour elle un véritable « mal de tête ». Ce mal de tête disparaîtra uniquement si l'annexion a lieu. Dans ce cas, au lieu de discuter afin de savoir si le passage de Rafah – entre Gaza et l'Égypte – doit être ouvert, les frontières entre l'Égypte et la bande seraient supprimées et les écoles, les universités et les hôpitaux égyptiens seraient ouverts aux habitants de Gaza qui, au lieu de vivre dans une prison éternelle, seraient en mesure de traverser librement le pays en toute liberté et justice ; le pays de la révolution et de la dignité. 
Al Arabiya News

(Ibrahim Al Majari est un chroniqueur de l'Arabie Saoudite. Cet article a déjà été publié dans le quotidien saoudien Al-Sharq.)

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