mercredi 2 janvier 2013

Les juifs irakiens et l'histoire


La récente Conférence des religions et des sectes qui a eu lieu dans la ville irakienne de Souleimaniye – qui était organisée sous la supervision du président irakien, Jalal Talabani – a marqué une étape importante. De fait, ce fut la première conférence qui eut lieu en Irak et qui a sérieusement abordé le sujet délicat de la protection des religions et des sectes après l'effondrement de la dictature régime de Saddam Hussein.
Étaient venus à la conférence étaient des chrétiens, des musulmans (sunnite et chiite) et d'autres, plus petits groupes minoritaires. Ce qui est surprenant c'est qu'il n'y avait pas un seul représentant des Juifs irakiens à raconter leur histoire glorieuse, si pleine de grandes réalisations pour la gloire de l'Irak et de sa constitution. En leur absence, ils ne pouvaient pas parler de la calamité qui s'est abattue sur eux lorsque leur citoyenneté leur a été retirée, leur argent et leurs biens confisqués, leurs droits bafoués, et quand ils ont été soumis et emprisonnés ou assassinés tandis que le nettoyage ethnique était commis força les meilleur de mes amis juifs irakiens à émigrer.
Lors de la conférence, il était évident que personne n'était disponible pour les représenter ou parler de ce sujet sensible. Par conséquent, pour équilibrer le débat, j'ai décidé que ce sujet serait l'objet de ma discussion ; une sorte de devoir solennel afin de rembourser une partie de notre dette envers eux.
Le Conseil présidentiel, le parti au pouvoir, et des agents iraniens de la ville de Souleimaniye, tous m'avertirent de ne pas soulever un tel sujet et d'en parler ; tous essayèrent de me l'interdire. Ils affirmaient que le sujet était trop délicate et dangereux, et qu'en raison de l'état d'esprit actuel des personnes présentes, il ne devait pas être débattu en public.
Pourtant autant le premier jour que le dernier jour de la conférence, j'ai parlé devant les organisateurs de la conférence, les ministres et les divers médias internationaux de la contribution massive faite par les Juifs à l'histoire de l'Irak depuis plus de 2 500 ans, à commencer par leur exil à Babylone 597 avant JC ; j'ai fait égalament référence à trois célèbres livres irakiens :
  • Personnalités juives de premier plan dans l'Irak actuel, par Meir Basr ;
  • Juifs du Kurdistan, par Omar Kader ;
  • Amoureux des balades dans l'histoire juive irakienne, par Youssef Ganiamah.


J'ai parlé de la grande histoire des Juifs irakiens dans la construction de l'Irak moderne, son économie et son mode de vie ; j'ai mentionné plusieurs exemples dans les domaines sociaux, intellectuels et politiques. Sir Sassoon Eskell, par exemple, fut le plus grand ministre irakien des finances du XXe siècle, responsable de réalisations incroyables de la Banque Centrale Irakienne.
Les Juifs irakiens avaient été de véritables citoyens de la région pendant des milliers d'années – avant même les Musulmans et les Chrétiens. Les Juifs constituaient une grande partie de la population de Bagdad dans les années 1920 : ils représentaient 40% des habitants de la ville.
J'ai également relevé que la Constitution irakienne ne fait pas mention des Juifs irakiens, de sorte qu'il est nécessaire de rédiger un amendement à l'article II de la Constitution, afin d'accorder la reconnaissance officielle de la religion juive et de l'ajouter aux autres religions reconnues nationales.
J'ai ensuite parlé des crimes où les Juifs irakiens furent dessaisis de leur citoyenneté, de leur expulsion du pays, et du pillage effroyable de leurs propriétés.
J'ai exhorté le Président irakien Jalal Talabani – un humaniste bien connu – et Masood Barzani, le président du Kurdistan irakien, d'adopter une loi sur la citoyenneté en Irak qui permettrait aux Juifs d'origine irakienne de reprendre la nationalité irakienne, de leur attribuer des sièges parlementaires proportionnellement à leur taille réelle de la population, comme c'est le cas des autres groupes religieux minoritaires comme les Chrétiens et les Musulmans, et de les indemniser pour leurs droits usurpés, de la même manière que d'autres compatriotes irakiens qui avaient souffert ont été indemnisés pour leurs épreuves.
Malgré les méthodes peu orthodoxes utilisées pour tenter d'empêcher ma présentation, le public a répondu avec un support total et par une ovation. Apparemment, mon intervention fut la cause de beaucoup d'embarras pour le comité organisateur de la conférence, qui a ensuite été forcé de prendre le sujet au sérieux.
Les résultats ont été obtenus lorsque trois paragraphes ont été adoptés dans le texte du communiqué final : le septième paragraphe souligne l'importance de la modification de la Constitution afin d'ajouter le Judaïsme comme religion officielle aux côtés de l'islam, du Christianisme et des autres religions, et de la restauration de la citoyenneté irakienne aux Juifs. Le neuvième alinéa est composé de dix points, dont l'article neuf qui reconnaît les droits des Juifs à la nationalité et à l'appartenance nationale. L'article cinq reconnaît le crime d'expulsion des Juifs et ses conséquences, et l'article six réclame que les sites du patrimoine juif doivent être entretenus, sans être modifiés.
Ces déclarations doivent maintenant être mise en action et mis en œuvre à tous les niveaux administratifs. Toute personne qui souhaite dynamiser ce sujet publiquement pour assurer sa mise en œuvre est la bienvenue pour me contacter à l'adresse: nabel202000@hotmail.com . Non seulement les injustices seront réparées, mais la bonne réputation de l'Irak sera également restaurée.
Nabil Al-Hadairi est un écrivain irakien, chercheur et enseignant qui habite à Londres.
---------- 
Traduit et reproduit avec l'autorisation du Gatestone Institute.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire