mercredi 23 janvier 2013

Élections compliquées en Israël


Le résultat des élections législatives qui se sont déroulées hier en Israël a créé un véritable casse-tête pour le premier ministre sortant – et vainqueur – Benyamin Nétanyahou. Le système proportionnel intégral israélien – selon lequel le pourcentage de votes recueilli par chaque parti politique représente à peu de choses près la proportion de ses sièges à la Knesset (le parlement) – a toujours abouti à des gouvernements de coalitions. Les élections d'hier n'ont pas fait exception à la règle.
Le parti de Benyamin Nétanyahou – le Likoud – s'était allié avec celui de l'ancien ministre Avigdor Lieberman – Israël Beiténou – avec un objectif clair : créer une dynamique qui leur permettrait d'augmenter le nombre de leurs voix. Pourtant, c'est l'inverse qui s'est produit : si dans l'ancienne législature les deux partis possédaient à eux deux 42 sièges (27 et 15), ils en auront seulement 31 selon les premières estimations. À titre personnel, il s'agit d'un échec pour monsieur Nétanyahou, même si ce résultat devrait lui permettre de conserver son poste de premier ministre.
La seconde surprise de la soiré fut l'émergence d'un nouveau parti centriste (Yesh Atid – Il y a un futur) de l'ancien journaliste Yaïr Lapid. Créé quelques mois avant les élections, ce parti ne comporte aucun homme ou femme qui avait déjà été élu(e) à la Knesset.
En tant que dirigeant du parti politique qui a remporté le plus grand nombre de votes, il revient maintenant à monsieur Nétanyahou à tenter de former un gouvernement de coalition qui sera assuré d'avoir une majorité de sièges au parlement (la Knesset possède 120 sièges).
Une alliance de droite ?
Considérés sous l'angle gauche-droite, les résultats de cette élection (en nombre de sièges) sont les suivants :

On le constate : les partis de droite (avec l'inclusion des deux partis religieux non sionistes) possèdent 60 sièges, ceux qui leur donne la majorité. Cependant, former un gouvernement de coalition en début de législature qui possède une majorité aussi faible semble difficile à envisager. D'une part, il n'est pas certain que les trois partis politiques (Maison juive-sioniste, et les deux partis séfarade-ashkénaze non sionistes) s'entendent à faire partie de la même coalition ; d'autre part, il sera presque impossible à Mr. Nétanyahou de conserver cette faible majorité pendant les quatre prochaines années de la nouvelle législature.
L'avantage de cette coalition et qu'elle semble naturelle pour le parti du Likoud qui a toujours été proche des partis religieux (sionistes ou non). L'inconvénient est que l'image internationale d'un tel gouvernement serait inquiétante pour les États-Unis, l'Union Européenne et évidemment pour les Palestiniens. Les négociations pour la paix qui devraient débuter rapidement ne se feraient pas sous les meilleurs auspices.
Une alliance avec le centre ?
Si le Likoud désirait former une alliance avec les partis du centre et du centre gauche, cela donnerait la configuration suivante :

Dans ce cas, le gouvernement possèderait une forte majorité à la Knesset (73 sièges) et laisserait la totalité des partis religieux (sionistes ou non) dans l'opposition. Même si l'alliance entre le Likoud et les partis de gauche ne semble pas naturelle, en considérant la situation dans laquelle il se trouve, monsieur Nétanyahou pourrait penser qu'il n'a pas d'autres choix.
L'avantage de cette coalition serait de donner une image plus favorable du gouvernement israélien au niveau international et les Palestiniens se verraient plus facilement dans l'obligation d'entrer dans les négociations. L'inconvénient serait le grand-écart idéologique pour le Likoud que nécessiterait cette situation. De plus, certains membres du parti politique de monsieur Nétanyahou risqueraient de se rebeller, quitte à aller rejoindre assez rapidement des partis politques plus à droite (comme celui de la Maison juive).
Conclusion
La désignation par le Président de l'État Shimon Peres afin de demander à Benyamin Nétanyhou de former le prochain gouvernement n'est pas une obligation, mais compte tenu de la première position du Likoud dans les votes, elle est probable. Celle désignation devrait intervenir dans les prochains jours et le délai pour former un nouveau gouvernement sera de quatre semaines. En cas d'échec, Shimon Peres demanderait probablement au responsable du deuxième parti - Yaïr Lapid - d'essayer à son tour.
Avant cette désignation, la gauche pourrait essayer une tentative risquée : celle de s'unir avec l'extrême-gauche et les partis arabes. Réunis, ces partis possèdent 60 sièges (voir graphique 1), ce qui est la majorité. Ils pourraient ainsi tenter de convaincre le président Peres de ne pas nommer immédiatement monsieur Nétanyahou, mais un de leurs représentants afin de former un gouvernement. Cependant, les inconvénients de cette situation sont les mêmes que nous avons indiqués précédemment (gouverner avec seulement 60 sièges n'est pas une garantie de réussite) ; de plus, les partis arabes sont des partenaires moins fiables que les autres partis politiques car ils risqueraient de ne pas apporter un soutien constant au gouvernement.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire